L'Arche Des Noyes

La marche des noy��s jaillit de l'arche en agonie dans une mare d'��toiles ��teintes devant son port d'escale qui faufile la source de l'oc��an Atlantique. Tiss�� de vents contraires le totem flotte �� reculons devant l'horizon. Son oracle cis��le l'��pitaphe d'une terre promise au-del�� des c��tes pi��g��es de l'histoire. Sa lenteur ��rode les vagues du n��ant o�� s'entrecroisent les ��chos fictifs de l'eau b��nite. Son vertige �� fleur de sable ��gr��ne des p��pites de chol��ra qui grimpent le sang vertical de l'aurore. <br><br>Au del�� des ruines du voyage des m��ts essaiment dans la diction du chloroforme qui gu��rit le silence de mes blessures. A l'aube un poisson d'avril cicatrise la saveur du sel au fond de mes yeux qui ramonent un retour au soleil natal. Plus tard l'azur import�� d'outre-tombe absorbe la chronologie migratoire de mes voiliers accroch��s �� un brin d'��ternit�� qui ressemble �� la mer. <br><br>Je repars �� z��ro sur la distance parcourue entre les versants de l'oubli dans la ros��e qui glane le clignement dorsal du r��veil des ��les. Mon r��ve d��sarticule l'instinct palp��bral des ��toiles et ma migraine distille au fil de mes doigts le signal d'un nouveau d��part. Alors je d��couvre la v��rit��: la mer que l'arbre de vie domine du haut de ses angles fruitiers n'est que le commencement de la faim. <br><br>Or avant m��me de lever l'ancre l'arche rumine le sc��nario du dernier repas: le c��t�� gauche de la table o�� foisonne le poids incandescent des immigrants ill��gaux s'enfonce peu �� peu dans les vagues qui font semblant de laver les pieds des absents accroupis sur la rive droite du banquet. <br><br>N�� �� Port-au-Prince Ha��ti Lyonel Vilfort ��migra aux ��tats-Unis d'Am��rique en f��vrier 1980 apr��s un s��jour de treize mois �� Panam��. Il vit �� Chicago Illinois.