Tristylya

About The Book

<p class=ql-align-justify>   Du fond de sa baie sœur jumelle de celle de Naples Port-au-Prince s'élève en gradins qui s'étagent lentement si on y joint les coteaux de Turgeau et de Peu-de-Chose jusqu'au sommet de la montagne...</p><p class=ql-align-justify> </p><p class=ql-align-justify>   Le paquebot venait de jeter l'ancre. On aspirait avec délices dans le matin frais la bonne brise marine salutaire. Il fallait se dépêcher d'en jouir car déjà sur les flots d'alentour le soleil tel un rap [sic] de coursier{1} accourait incendiant la rade.</p><p class=ql-align-justify> </p><p class=ql-align-justify>   Le spectacle était joli. Une cinquantaine environ de petits canots se détachant de la rive volaient au milieu du tapage et des cris des bateliers à l'assaut du steamer. Le pilote venait de monter à bord. Il aurait dû réglementairement prendre le bateau à plusieurs milles de la côte. Il le prenait à l'ancre. Rien à dire. C'est l'usage.</p><p class=ql-align-justify> </p><p class=ql-align-justify>   Une grande animation régnait aussi sur le pont parmi les passagers. Levés tôt des cinq heures ils étaient attifés pommadés parfumés sous les armes comme des soldats qui pour une grande revue ont revêtu leurs beaux habits et astiqué leur fourniment. En effet c'était une revue qu'ils allaient passer - ce défilé sur le quai devant les parents les amis les curieux venus pour contempler la dernière mode de Paris pour blaguer aussi les arrivants un peu par jalousie.</p><p class=ql-align-justify> </p><p class=ql-align-justify>   Mais on ne pouvait guère espérer débarquer à cette heure matinale.  La santé  n'était pas encore venue. Deux ou trois heures devaient se passer dans cette attente fiévreuse. La santé est lente chez nous : je veux parler bien entendu du médecin du port. En attendant après avoir fait plusieurs fois les cent pas sur le pont on s'était groupé chacun selon ses goûts et préférences. Sans grande animation - car on avait l'obsession de descendre vite- on causait assis sur les malles sur les sacs de voyage et de linge sale les mains embarrassées de petits paquets qu'on tenait très serrés contre soi tout en ne cessant de dénombrer mentalement les colis qu'on avait dans la cale ceux qu'on avait sur le pont et qu'on ne quittait pas des yeux.</p>
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