<p>Juste au milieu de l&rsquo;autre guerre plus d&rsquo;un quart de si&egrave;cle &eacute;coul&eacute;&nbsp;! un de mes amis fit un livre aujourd&rsquo;hui introuvable o&ugrave; voulant peindre l&rsquo;atmosph&egrave;re morale des trente ann&eacute;es pr&eacute;c&eacute;dentes il les r&eacute;suma dans ce titre&nbsp;: <em>Quand les Fran&ccedil;ais ne s&rsquo;aimaient pas</em>.</p><p>Mais ce qu&rsquo;il voulait exprimer &eacute;tait tellement loin de l&rsquo;esprit de tous ses lecteurs que ceux-ci firent aussit&ocirc;t un contresens unanime&nbsp;; ils se figur&egrave;rent qu&rsquo;il allait leur parler du temps o&ugrave; les Fran&ccedil;ais ne s&rsquo;aimaient pas entre eux et divis&eacute;s les uns des autres luttaient les uns contre les autres...</p><p>Certes l&rsquo;union n&eacute;cessaire manque beaucoup et trop en France. C&rsquo;est pourquoi son image y est toujours comprise et d&eacute;sir&eacute;e appel&eacute;e et m&ecirc;me f&ecirc;t&eacute;e. On aime &agrave; r&eacute;pandre des plaintes tout &agrave; fait l&eacute;gitimes sur les outrances des partis leurs passions et leurs injustices&nbsp;; on &eacute;l&egrave;ve de grands soupirs vers la plus urgente et la plus l&eacute;gitime des concordes. Pieux d&eacute;sirs&nbsp;! Valant ce qu&rsquo;ils valent ils sont courants.</p><p>En revanche notre pays ne donne pas grande attention &agrave; ce dont parlait le livre. Nous passons sans y prendre garde sur la plus triste et la plus f&acirc;cheuse de nos habitudes d&rsquo;alors d&rsquo;aujourd&rsquo;hui de toujours&nbsp;: les Fran&ccedil;ais ne s&rsquo;aiment pas eux-m&ecirc;mes comme Fran&ccedil;ais. Ils ont peu d&rsquo;affection et peu d&rsquo;estime pour la nature de leur peuple pour ses traits distinctifs et pour sa figure constante. Et s&rsquo;ils y pensent c&rsquo;est pour regretter pour d&eacute;plorer ou m&ecirc;me accuser le temp&eacute;rament national&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nos Fran&ccedil;ais&nbsp;! Vous les connaissez&nbsp;! Tous les m&ecirc;mes&nbsp;!&nbsp;&raquo; Et en avant notre l&eacute;g&egrave;ret&eacute; notre versatilit&eacute; notre manque de s&eacute;rieux de patience ou de profondeur ou encore de force...</p><p>Vieille maladie qui fut grave. On l&rsquo;avait crue gu&eacute;rie par l&rsquo;exemple extraordinaire des quatre ann&eacute;es cons&eacute;cutives tenues dans les tranch&eacute;es au long d&rsquo;h&eacute;ro&iuml;ques batailles. Mais &agrave; peine nos provinces fronti&egrave;res &eacute;taient-elles d&eacute;gag&eacute;es le m&ecirc;me mauvais refrain a recommenc&eacute; de courir.</p><p>De hautes autorit&eacute;s morales ont bien raison de pr&ecirc;cher comme elles en ont le devoir aux Fran&ccedil;ais n&eacute;s Gaulois plus de charit&eacute; r&eacute;ciproque moins d&rsquo;acrimonie dans leurs rapports sociaux un go&ucirc;t moins vif de la querelle et de la dissension Mais quoi&nbsp;! c&rsquo;est la nature humaine l&rsquo;homme n&rsquo;a pas fini d&rsquo;&ecirc;tre pour l&rsquo;homme un loup. Ce qui est redevenu l&rsquo;indice commun du Fran&ccedil;ais c&rsquo;est un &eacute;talage de modestie excessive et m&ecirc;me de v&eacute;ritable humilit&eacute; toutes les fois qu&rsquo;il s&rsquo;agit de la valeur et du rang de notre nation. Le Fran&ccedil;ais moderne est toujours pr&ecirc;t &agrave; s&rsquo;effacer devant la premi&egrave;re nation venue en s&rsquo;inclinant en lui disant&nbsp;: <em>Apr&egrave;s vous apr&egrave;s vous s&rsquo;il vous pla&icirc;t... </em>Beaucoup comptent prendre un air distingu&eacute;. Ils croient se d&eacute;passer en s&rsquo;&eacute;levant non au-dessus d&rsquo;eux-m&ecirc;mes mais de leur peuple et de leur pays.</p>
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